L'histoire du Vinatier : la nature au service de la santé mentale

Nous sommes 30 à nous retrouver ce mardi 12 septembre devant les grilles du Vinatier sous une chaleur encore estivale. 

Laurence, notre guide, après nous avoir présenté le plan général de l'hôpital, nous retrace son origine.  

Trente ans après la loi d'assistance aux aliénés de 1838 décrétant que "chaque département est tenu d'avoir un établissement public, spécialement destiné à recevoir des aliénés", le Conseil Général du Rhône décide la création de l'asile d'aliénés de Bron, destiné à recevoir les patients jusque-là placés principalement à l'Antiquaille et l'Hôtel Dieu. Cent hectares sont ainsi progressivement acquis et l'établissement ouvre ses portes en 1876. Au-delà des bâtiments habités, s'étendent les terres cultivées, les fermes, des ateliers, granges et porcherie où pouvaient travailler certains malades. L'asile peut ainsi développer une intense activité agricole et vivre en autarcie. En 1937, l'asile devient Centre Hospitalier dédié à la psychiatrie.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, un vent d'humanisation souffle sur ces établissements. Les asiles d'aliénés changent progressivement d'appellation et s'humanisent : suppression des chaînes et des enfermements, et les professionnels (médecins et infirmiers) se professionnalisent sous l'impulsion d'un médecin parisien, Philippe Pinel, mais cela mettra 60 ans !!! Arrivée des neuroleptiques dans les années 50 de même que la sociothérapie.

Quelques patients célèbres ont fréquenté cet établissement, dont Hervé de Maupassant, le frère de Guy,  ainsi que Berty Albrecht, résistante ayant simulé la folie pour éviter la déportation.

Après cette approche historique, Laurence nous conduit par l'allée principale bordée de hauts platanes et des villas réservées aux médecins et autres soignants, devant la chapelle.

 

Construite en 1874, la chapelle a été bâtie en forme de croix grecque à 4 branches. Elle possède donc quatre portes d'accès, au nord la porte côté femmes, au sud la porte côté hommes, à l'ouest la porte du personnel et des gens des alentours qui participaient au culte et à l'est la sacristie.

En 2001, dans le cadre d'un programme Culture et Santé, quatre portes vitrail ont été installées. Chacune d'elles a une couleur et une signification particulière ; la porte bleue représente le levant, la verte représente le chemin, la jaune le couchant et la rouge la résurrection.

En sortant de la chapelle nous nous dirigeons vers les bâtiments hospitaliers répartis sur l'immense terrain selon différentes catégories de malades : tranquilles et semi tranquilles, épileptiques, agités, etc.

Le parc du centre hospitalier s'étend sur 74 ha, ce qui le place en 3ème position pour la région lyonnaise après le parc de la Tête d'Or et celui de Parilly. De nombreuses essences sont répertoriées (ginkgos, mélèzes, thuyas à encens, marronniers, séquoias, catalpas..), certaines même centenaires comme des cèdres du Liban et de l'Atlas. 

Au cours de notre déambulation, nous apercevons la silhouette de quelques chèvres alpines broutant au sommet de la colline longeant le boulevard Laurent Bonnevay, colline qui domine l'hôpital et qui à l'époque abritait des réservoirs d'eau. 

Quelques pieds de vigne sont également cultivés au pied de cette colline.

                

En direction de la ferme, nous longeons le quartier des malades les plus dangereux ainsi que le centre de détention qui a accueilli, entre autres, en 2018 Nordan Lelandais. Sur le chemin notre attention se porte sur cette énorme jatte dans laquelle on préparait les soupes ou autres plats des résidents, aujourd'hui utilisée en support pour plantes.

                                       

En arrivant à la Ferme, nous longeons le parc aux chèvres au sein duquel se trouvent quelques éléments architecturaux issus de l'ancien portail d'entrée. Terrain de jeux favori des chèvres naines et alpines !

Depuis 1997 la ferme du Vinatier, installée dans un ancien bâtiment agricole, conçoit des évènements culturels ouverts aux patients de l'hôpital ainsi qu'à tous visiteurs extérieurs.

En conclusion, une belle après-midi de découverte !

Merci à Philippe Treillet pour ses photos.